Les douleurs dans l'intimité

Elsa Dubroca
,
Sexothérapeute
,
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27/8/2024
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10 min
Sexo
Est-ce normal de ressentir des douleurs ou de l'inconfort durant les rapports ?

Il peut arriver de ressentir des douleurs ou de l'inconfort pendant un rapport sexuel. Le ressenti peut être mental ou corporel, par exemple la honte de se déshabiller devant quelqu’un, ou la douleur lors de certaines positions sexuelles. La sexualité doit être une forme de plaisir, et personne n'a à supporter une quelconque forme d'inconfort.⁠⁠

L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la santé sexuelle comme "un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social en matière de sexualité, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie, de dysfonctionnement ou d'infirmité."⁠ Dans cette même définition, l’OMS met en valeur "l’approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles agréables et sécuritaires, sans coercition, ni discrimination et ni violence.”

Quelle est la différence entre le vaginisme et les dyspareunies ?

Le vaginisme est une contraction involontaire, répétée et persistante des muscles périnéaux entourant le tiers externe du vagin, en cas de pénétration - d’un doigt, d’un tampon, d’un spéculum, d’un dilatateur, d’un sextoy, d’un objet ou d’un pénis.

La plupart des personnes souffrant de vaginisme le décrivent des manières suivantes :

  • sensation que le vagin est trop serré, trop étroit, trop petit
  • sensation qu’il y a un mur, un nœud ou une boule empêchant de passer à l’intérieur du vagin

La dyspareunie se caractérise quant à elle par des douleurs au niveau de la vulve, de l'orifice du vagin ou du bas ventre et au fond du vagin.

L'OMS estime qu'entre 8 et 21% de la population féminine mondiale est atteinte de dyspareunies.⁠

En général, le distingo entre vaginisme et dyspareunie est établi en fonction de la capacité de pénétration.Lorsque cette dernière est désagréable mais possible, on parle le plus souvent de dyspareunie ; quand la pénétration est impossible, on parle alors de vaginisme. La distinction se fait également au niveau des ressentis : en cas de vaginisme il y a une contraction des muscles du périnée, ce qui n’est pas le cas dans les situations de dyspareunie.⁠

Le vaginisme : pourquoi ce n'est pas vraiment un problème de vagin ?

Le nom de vaginisme laisse sous-entendre que le problème se situe au niveau du vagin, alors même qu’il s’agit des muscles du périnée. L’impossibilité d’introduire quoi que ce soit dans le vagin découle du fait que les muscles périnéaux se contractent, empêchant ainsi la détente et l’élasticité du vagin, ce qui a pour conséquence de rendre toute pénétration douloureuse, voire impossible.⁠

Le vagin est un organe mesurant en moyenne 8 cm, mais il a la capacité de se distendre, notamment pour laisser sortir un bébé, mais aussi pour pouvoir accueillir un objet pénétrant (doigt, tampon, pénis…). Au cours de l’excitation sexuelle, il peut se détendre jusqu’à 12 cm. Lorsqu’il est “au repos” ses parois sont collées, mais conservent une faculté de dilatation importante.

Les personnes souffrant de vaginisme peuvent avoir le sentiment d’avoir une malformation génitale. Ce n’est pas le cas. Leur sexe est normalement constitué mais le périnée vient comme “stranguler” le vagin, ce qui donne ces sensations d’étroitesse et de mur.

Le vaginisme et les dyspareunies, est-ce que c'est dans la tête ?

Non, ce n'est pas dans la tête !

Qu’il s’agisse de vaginisme ou de dyspareunie, les sensations éprouvées peuvent être très différentes d’une personne à une autre. En effet, certaines ressentent de vives douleurs, d’autres ont un sentiment de gêne, il est possible de sentir qu’il y a quelque chose de physique qui se passe mais que ce ne soit pas bloquant.

Mais le vaginisme et la dyspareunie sont souvent la combinaison d'un trouble psychique et physique.⁠ Cela fonctionne comme un cercle vicieux : une douleur ou une gêne survient, déclenchant une peur que cet événement désagréable se produise de nouveau et donc renforçant les contractions et la désagréabilité.

Quelles peuvent-en être les causes ?

Les causes peuvent être multiples, incluant la peur d'avoir mal, souvent la grande coupable responsable du vaginisme et de la dyspareunie.⁠⁠

Dans un cas de vaginisme primaire ou de dyspareunie qui a toujours été présente, il peut être difficile de faire le lien avec une cause précise.

En cas d’apparition plus tardive, le lien peut être fait avec une grossesse, une maladie, un traitement, un traumatisme, des sécheresses vaginales, une mauvaise expérience (sexuelle, gynécologique ou autre)...

La peur d’avoir mal est difficile à maîtriser. Elle est pourtant un réflexe naturel pour se protéger, mais agit ici dans le cas inverse : au lieu de nous protéger, la peur ne fait que renforcer et intensifier le trouble.

Comment se fait le diagnostic ? Quel professionnel de santé dois-je consulter ?

Le diagnostic se fait en fonction de la temporalité : on parle de vaginisme primaire chez les personnes qui ont cette sensation depuis toujours ; si la pénétration a été possible pendant un moment mais qu’elle ne l’est plus, on parle alors de vaginisme secondaire.

D’autre part, le vaginisme peut être total, la pénétration (par un tampon, un spéculum, un doigt, un sextoy, un pénis…) est impossible en tout temps ; ou partiel, la pénétration étant possible en fonction du moment et de l’objet.

Il en va de même en ce qui concerne les dyspareunies. Elles seront classées différemment en fonction du moment où elles sont apparues, de leur récurrence et des zones concernées. On parle de dyspareunie superficielle lorsque la douleur ou la gêne est située au niveau de la vulve ou de l’orifice vaginal ; et on parle de dyspareunie profonde lorsque la localisation est faite au niveau du bas ventre et du vagin.

Les différents spécialistes pouvant diagnostiquer un vaginisme ou des dyspareunies sont les gynécologues, les sages-femmes et les kinésithérapeutes.⁠⁠

Quels sont les traitements possibles ?

Il n'existe pas de traitement médicamenteux contre le vaginisme ou les dyspareunies. Des crèmes anesthésiantes et des kits de dilatateurs vaginaux peuvent être utiles en combinaison avec des exercices supervisés par des professionnels de santé.⁠⁠

Nous recommandons vivement de consulter un gynécologue et un kinésithérapeute afin d’avoir un bilan complet et des recommandations d’exercices adaptés à votre situation et qui vous permettront de reprendre le contrôle sur votre vaginisme ou vos dyspareunies.

Un travail sur l’ensemble des muscles du périnée peut être effectué, accompagnée par kinésithérapeute et/ou un sophrologue. Nous vous recommandons de chercher un professionnel qui a une spécialité en rééducation périnéale ou des troubles sexuels.

Pour les personnes éprouvant des douleurs lors de l’intromission d’un quelconque objet à l’intérieur du vagin, il existe également des kits de dilatateurs vaginaux. Contenant des dilatateurs de plusieurs tailles différentes,il est possible d’utiliser de les utiliser afin d’habituer le vagin à la pénétration en commençant par des petites tailles et en augmentant la taille au fur et à mesure du temps, à son rythme. Le conseil majeur que nous pouvons vous donner est de prendre votre temps.

Vous avez également la possibilité de consulter un psychologue, un psychothérapeute ou un sexothérapeute afin de travailler la partie psychique : comment mieux gérer la peur, éventuellement améliorer votre rapport à votre corps, etc…

Est-il obligatoire de consulter ?

Non, il n’est pas obligatoire de consulter. Cependant, il en va de votre confort. Il est difficile de s’auto diagnostiquer et de sortir du vaginisme et des dyspareunies sans l’aide du corps médical.

Beaucoup de personnes souffrant de ces troubles appréhendent les bilans médicaux car ils peuvent être désagréables. Il est important de savoir que tous les professionnels de santé sont dans l’obligation d’obtenir le consentement de leur patient avant toute manipulation. Si vous n’êtes pas à l’aise avec certaines pratiques médicales, vous avez parfaitement le droit de l’exprimer au cours de votre consultation et de refuser que le praticien fasse tel ou tel examen en utilisant tel ou tel objet.

Chez Gynea, par exemple, tous les praticiens venant exercer dans le cabinet signent une charte de bientraitance des patients et s’engagent à demander leur consentement avant une quelconque auscultation.

Comment m'épanouir dans ma sexualité en cas de vaginisme ou de dyspareunie ?

Il est intéressant de se questionner sur les objectifs à atteindre afin de sélectionner les professionnels qui seront les plus adaptés pour vous.

Vous pouvez travailler sur le cycle de la douleur, faire une auto-exploration pour découvrir vos zones érogènes, et considérer la circlusion comme une alternative à la pénétration traditionnelle.⁠⁠ La pénétration vaginale, elle aussi, peut se travailler et s’apprendre. Elle ne coule pas forcément de source et peut nécessiter une forme de préparation et d’entraînement.

Une autre manière d’aborder cet objectif peut être de conscientiser son périnée et reprendre le contrôle de ses contractions et de sa détente.

L’utilisation de dilatateurs peut permettre de ressentir les effets des contractions de votre périnée, afin par la sute d’essayer de le détendre. Cela participera à renforcer l’idée que c’est vous qui décidez, la pénétration peut s’arrêter lorsque vous en avez envie tout en aidant votre corps à comprendre qu’il n’y a pas nécessairement de danger.

Comment en parler avec mon partenaire ?

Verbaliser est une étape cruciale pour sortir de la honte et du tabou. Rappelez-vous que la sexualité est riche en possibilités et que la pénétration n'est pas une obligation.⁠⁠

Elsa Dubroca
,
Sexothérapeute

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