Quels sont vraiment mes risques sous pilule contraceptive ?

Lise El Omari
,
Sage-femme et directrice médiale de Gynea
,
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14/8/2024
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6 min
Gynécologie

Le cycle menstruel est régulé par plusieurs hormones sécrétées naturellement par les femmes. La variation de ces taux d’hormones au cours du cycle vont engendrer une succession de mécanismes entraînant notamment l’ovulation à la moitié du cycle et la préparation de l’endomètre pour la nidation, puis la desquamation de la muqueuse utérine en l’absence de fécondation, éliminée lors des règles pour débuter un nouveau cycle. Les hormones sont donc naturellement synthétisées par l’organisme et parmi elles, l’oestrogène et la progestérone.

La pilule contraceptive vise à administrer de manière quotidienne des hormones de synthèse qui vont agir sur différents paramètres du cycle naturel afin d’éviter une grossesse via différents mécanismes.

Il existe deux catégories de pilules contraceptives :
  • les pilules progestatives qui ne contiennent que des progestatifs de synthèse généralement à faible dose et existent sous différentes formes : levonorgestrel, désogestrel, norgestimate…
  • les pilules oestro-progestatives dites combinées qui contiennent des oestrogènes de synthèse (éthinylestradiol) ou naturels (estradiol, estérol) et de la progestérone

Parmi ces deux catégories, il existe une multitude de pilules combinées avec des dosages d’oestrogène et de progestérone variables.

Les critères non exhaustifs pour le choix d’une contraception sont :
  • l’intérêt de la femme pour la méthode
  • l’historique des méthodes de contraception
  • l’absence de contre-indications relatives ou absolues
  • l’observance
  • des antécédents d’effets secondaires

Toute réflexion médicale repose sur une balance bénéfice risque, c’est-à-dire un équilibre entre les effets positifs d’un traitement et les risques et effets négatifs associés.

Le risque principal connu de la contraception oestroprogestative est le risque vasculaire veineux et artériel, que l’on ne retrouve pas avec la pilule progestative. Le risque veineux concerne le risque de thrombose veineuse ou d’embolie pulmonaire. Le risque artériel concerne le risque d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral.

L’interrogatoire minutieux en consultation à la recherche de contre-indications relatives ou absolues est donc indispensable. Des questions sont posées par le professionnel de santé concernant les antécédents familiaux et personnels, la consommation de tabac, l’existence de migraines… en l’absence de contre-indications, la pilule oestroprogestative peut être prescrite avec un suivi régulier, en privilégiant les pilules à base de lévonorgestrel ou norgestimate. Certaines femmes renoncent à la pilule par peur des risques ou des effets secondaires, et entrent parfois dans une errance pour trouver une autre contraception. Compte tenu de la balance bénéfice risques, il est alors judicieux, en l’absence de contre-indications, de choisir la pilule tout en bénéficiant d’un suivi régulier, en signalant tout changement personnel ou familial.

Concernant la contraception et le risque de cancer, il n’est pas observé d’augmentation de la mortalité liée au cancer chez les utilisatrices de la pilule. Il existe néanmoins une légère augmentation du risque de cancer du sein et du cancer infiltrant de l’utérus chez les utilisatrices de pilule, risque qui régresse avec l’arrêt de la contraception. En revanche, la pilule combinée aurait un effet protecteur pour les cancers de l’endomètre, de l’ovaire et du cancer colo-rectal.

Compte tenu du bénéfice de la contraception, les données liées au cancer ne devraient pas entrer en ligne de compte pour le choix de la contraception puisque la pilule est défavorable sur certains aspects mais protectrice sur d’autres, avec un effet très modéré.

En dehors de ces risques graves, les effets secondaires fréquemment retrouvés lors de la mise en place d’une pilule sont :
  • les saignements : généralement liés à une mauvaise observance. En cas de persistance durant 3 mois avec une bonne observance, il est alors conseillé de changer de contraception en testant l’augmentation de la dose d’oestrogène ou de changer de progestatif
  • l’acné : un changement de contraception sera proposé en proposant par exemple une association de norgestimate et ethinylestradiol 35µg, puis une avis dermatologique
  • la prise de poids : selon les études, la pilule n’est pas associée à une prise de poids
  • les troubles de la libido : il est recommandé d’explorer les autres aspects et de discuter d’un changement de contraception en parallèle
  • les troubles de l’humeur : les données sur le lien entre troubles de l’humeur et contraception étant contradictoires, un changement de contraception pourra être proposé après avoir évalué les autres aspects liés

La pilule progestative doit être prise en continu sans arrêt entre deux plaquettes, les pilules combinées peuvent parfois également être prises en continu sans risque, notamment pour diminuer les symptômes douloureux liés à l’endométriose.

Lise El Omari
,
Sage-femme et directrice médiale de Gynea

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