L'interruption volontaire de grossesse

Amalthée
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24/5/2024
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7 min
Gynécologie
L’IVG, c’est quoi et comment ça se passe ?

L’interruption volontaire de grossesse permet de mettre fin à une grossesse, c’est ce qu’on appelle aussi l’avortement.

En France, une femme enceinte, y comprise mineure, qui ne souhaite pas poursuivre une grossesse, peut demander à l’interrompre jusqu’au délai légal de 14 semaines de grossesse (ou 16 semaines d’aménorrhée)

Il existe deux méthodes d’IVG en fonction de votre terme:

  • l’IVG médicamenteuse qui est pratiquée jusqu’à la fin de la 7ème semaine de grossesse, soit au maximum 9 semaines après le début des dernières règles (95% de réussite)
  • l’IVG chirurgicale (que l’on appelle aussi instrumentale) qui peut être pratiquée jusqu’à la fin de la 14ème semaine de grossesse, soit 16 semaines après le début des dernières règles (99% de réussite)

Pour l’IVG médicamenteuse : la technique consiste à prendre 2 médicaments. Le premier servant à interrompre la grossesse et le second à provoquer l’expulsion de l'œuf.

Les 2 médicaments sont donnés par le ou la professionnel.le de santé. Le premier médicament peut être pris en présence du médecin, de la sage-femme ou de la gynécologue au cours d’une première consultation ou à votre domicile. La prise du second médicament a lieu entre 24 et 48 heures après la prise du premier, et vous pouvez le prendre en consultation ou à votre domicile.

L’IVG chirurgicale consiste en une aspiration de l'œuf, après que le col de l'utérus a été dilaté. L’ouverture du col utérin peut être facilitée par l’administration d’un médicament et l’intervention peut être réalisée sous anesthésie locale ou générale. Vous choisissez avec l’aide du médecin le mode d’anesthésie le mieux adapté à votre situation. L’hospitalisation dure en général quelques heures, et l'intervention en elle-même dure une dizaine de minutes.

Comment savoir de quand date ma grossesse ?

Pour vérifier l’âge de la grossesse, une datation est effectuée avant l’IVG, le plus souvent par l'interrogatoire et l'examen clinique ou, si besoin, au moyen d’une échographie.

Où s'informer pour une IVG ?

Vous pouvez vous tourner vers différentes structures ou ressources pour obtenir des informations et une aide pour effectuer les démarches nécessaires à l'IVG:

  • sur internet: www.ivglesinfos.org
  • les centres de planification familiale
  • les permanences régionales d'information sur la contraception et l'interruption volontaire de grossesse
  • les centres de santé
  • les établissements d'information, de consultation et de conseil familial.

Où peut-on aller pour une IVG ?
  • L'IVG chirurgicale doit être réalisée dans un établissement de santé, c’est à dire à l’hôpital ou dans une clinique. Elle peut parfois avoir lieu dans un centre de santé qui y est autorisé, qui a établi “une convention de coopération” avec un établissement de santé.
  • L'IVG médicamenteuse est pratiquée dans davantage d’endroits: en établissement de santé (hôpital ou clinique), en cabinet de ville, en centre de planification et d’éducation familiale, et aussi en centre de santé. L’IVG médicamenteuse peut être faite par un médecin ou une sage-femme.

Vous l’aurez compris, tous les établissements de santé publics ou privés ne pratiquent pas les 2 techniques d'avortement ! Les coordonnées des structures par régions sont disponibles sur le site du Ministère de la Santé, et sur www.ivglesinfos.org si vous souhaitez savoir quelle structure près de chez vous propose quel type d’IVG.

Que doit-on faire avant une IVG?

Avant de procéder à une IVG, vous aurez en général 2 consultations médicales. Vous pouvez vous adresser à un médecin, une sage-femme, une gynécologue de votre choix ou bien dans un planning familial ! Vous n’avez pas besoin d’aller voir votre médecin traitant avant une consultation.

Un entretien psycho-social, fait par une personne qualifiée en conseil conjugal, vous sera proposé, et il est obligatoire si vous êtes mineure !

En quoi consiste les 2 consultations médicales ?

La première consultation préalable à l'IVG avec un médecin ou une sage-femme permet de :

  • vous examiner
  • vous informer sur les deux méthodes d’IVG (médicamenteuse ou chirurgicale), sur leurs avantages et leurs inconvénients ;
  • vous remettre un dossier guide

La seconde consultation préalable à l'IVG permet elle de :

  • confirmer par écrit votre demande d’avortement ;
  • donner votre consentement au médecin ou à la sage-femme pour l'IVG ;
  • choisit librement la méthode d’avortement, médicamenteuse ou chirurgicale, ainsi que le lieu de l’intervention ;

Cette consultation peut être également l’occasion d'un dépistage des infections sexuellement transmissibles, dont la chlamydia.

L’IVG est-elle douloureuse ?

Les douleurs lors d’une IVG médicamenteuse sont assez fréquentes, et sont assez semblables à celles ressenties pendant les règles. Leur intensité varie d’une femme à l’autre. Le professionnel de santé vous prescrira des médicaments antalgiques pour prendre en charge les douleurs. Il est par ailleurs important que vous soyez en compagnie d’un proche  lors de la prise des médicaments.

Que se passe-t-il après une IVG ?

Une visite de contrôle doit intervenir entre le 14ème et le 21ème jour après l’intervention chirurgicale ou médicamenteuse. Elle permet de s’assurer que l’avortement a fonctionné, et qu’il n’y a pas de complication. Lors de la consultation de contrôle, le professionnel de santé vérifie que vous disposez d’un moyen contraceptif adapté à votre situation.

Après une IVG, il est possible et normal d’avoir des saignements, le temps que l'utérus reprenne son état antérieur et que le col se referme. Les saignements peuvent être plus longs lors d’une IVG médicamenteuse puisque l'utérus saigne tant qu'il n'est pas totalement vide, alors que pour une IVG chirurgical, le contenu de l'utérus est directement aspiré. Ces saignements peuvent persister jusqu’à la visite de suivi, voire jusqu’aux prochaines règles.

Lors de la consultation de contrôle, le professionnel de santé s’assure, grâce au dosage de l’hormone de grossesse, et/ou d’une échographie que l’avortement a réussi, et qu’il est complet.

Parfois des symptômes anormaux (saignements hémorragiques, douleurs trop importantes, fièvre prolongée....) peuvent survenir dans les heures ou jours qui suivent l’IVG. Une consultation en milieu hospitalier sera alors nécessaire. Votre professionnel vous orientera vers les structures avec lesquelles il travaille en réseau.

Peut-il y avoir des complications après une IVG ?

Les complications après une IVG sont très rares, et peuvent être traitées de façon efficace.

Le professionnel vous informera des risques des 2 méthodes, et vous pourrez choisir celle qui semble la plus adaptée pour vous.

Est-ce qu’une IVG peut entraîner des problèmes de fertilité ?

Dans la très grande majorité des cas, les femmes qui avortent ont une fertilité préservée par la suite.

Quelles sont les spécificités pour une femme mineure ?

Si vous êtes une femme mineure souhaitant recourir à une IVG et ne pas mettre au courant vos parents ou un représentant légal, cela est possible. Les professionnels de santé ont besoin de connaître le nom de la femme mineure pour assurer les soins, mais ils sont tenus au secret médical ou au secret professionnel. La demande de secret si vous êtes une femme mineure, vis-à-vis de vos parents ou votre représentant légal est donc bien respectée.

La femme mineure doit néanmoins être accompagnée par une personne majeure, on parle d’une “personne majeure accompagnante”.

Le choix de cette personne majeure peut être effectué par la femme mineure à différents moments :

  • au cours de la consultation psycho-sociale réalisée avant l’IVG.
  • au cours de l’une des deux consultations médicales préalables à l’IVG.

La femme mineure a la liberté du choix de cette personne: membre de son entourage, membre de sa famille, professionnel socio-éducatif, professionnel de santé… Le rôle de l’adulte accompagnant est d’apporter une aide morale, une écoute, une possibilité de dialogue et éventuellement une présence dans les différentes démarches d’IVG. Si l’IVG a nécessité une anesthésie générale, la femme mineure ne doit pas quitter seule l’établissement de santé, et cet accompagnement à la sortie peut être assuré par l’adulte choisi. L’adulte accompagnant intervient à titre gratuit, ne dispose d’aucun attribut de l’autorité parentale et est tenu au secret.

Si je rencontre des difficultés après une IVG, des émotions négatives comme de la tristesse, vers qui est-ce que je peux me tourner ?

Chaque femme peut avoir des ressentis et sentiments différents après un avortement, et c’est normal. Certaines femmes peuvent ressentir un soulagement face à cette décision, et d’autres le vivent mal, avec de la tristesse et se sentent tourmentées. Le vécu d’une IVG est en effet personnel et varie d’une femme à l’autre, il n’y a donc pas de bonnes ou de mauvaises réactions !

Si vous rencontrez des difficultés émotionnelles après une IVG, il existe un numéro vert national « IVG, contraception, sexualités »  le 0 800 08 11 11 qui propose une écoute sans jugement. Il est aussi possible de vous tourner vers un.e psychologue qui vous écoutera et pourra vous aider. Les associations comme le Planning familial sont aussi d’un grand soutien. Chez Gynea, notre psychologue est disponible pour parler avec vous de l’IVG et nous organisons également des groupes de parole avec des femmes qui souhaitent parler de leur IVG. Vous pouvez aussi être suivie à plus long terme par un.e psychologue si vous en ressentez le besoin. Les professionnels de santé sont aussi là pour vous accompagner dans les moments difficiles de votre vie, chez Gynea nous en faisons notre mission !

Combien coûte une IVG ?

Le coût d'une IVG chirurgicale est remboursé par l'Assurance Maladie à 100 % sur la base d'un tarif forfaitaire variable, vous n’avez en tout cas rien à payer ! Le tarif pris en charge par l’Assurance Maladie est compris entre 463,25 euros et 664,05 euros en fonction de l'établissement de santé (hôpital ou clinique), du type d'anesthésie (locale ou générale) et de la durée de l'hospitalisation.

Quand peut-on reprendre des rapports sexuels après une IVG ?

A la question, quand peut-on refaire l’amour après une IVG médicamenteuse, les gynécologues répondent que cela est possible à partir du moment où les saignements sont quasiment nuls. Après l’IVG chirurgicale c’est la même chose, il est conseillé d’attendre quelques jours et la fin des saignements. Le risque de reprendre des activités sexuelles trop rapidement, est celui que le col de l’utérus ne soit pas assez refermé et qu’il y ait des germes qui remontent du vagin vers le col et qui pourraient créer une endométrite, une infection utérine ascendante qui donne une infection de l'endomètre, le tissu qui tapisse l'intérieur de l'utérus. C’est la complication la plus fréquente après une IVG, et il faut faire attention car l'infection peut remonter au niveau des trompes aboutissant à une salpingite qui peut fragiliser la fertilité.

Y-a-t-il quelque chose à faire après une IVG?

Après l’IVG, les examens médicaux qui ont lieu ont pour objectif de vérifier que la grossesse est bien interrompue. En plus de l’examen clinique qui peut être réalisé, le médecin ou la sage-femme peut vous proposer de réaliser une prise de sang pour doser les β-hCG ou une échographie. Tous ces examens et consultations sont pris en charge à 100% par l’Assurance maladie sans aucune avance de frais. Après une IVG, il est également important de reprendre très rapidement une contraception afin d’être protégée d’un nouveau risque de grossesse.

Combien y-a-t-il d’IVG chaque année en France ?

En 2022, il y a eu 234 300 interruptions volontaires de grossesse (IVG) en France, et 78 % ont été réalisées par voie médicamenteuse.

L’IVG : un droit toujours révocable

En France, l’IVG est autorisé depuis la loi “Veil” du 17 janvier 1975 qui a dépénalisé l’avortement. C’est depuis cette date que l’IVG n’est plus sanctionné par la loi ! Ce droit a été le fruit d’un long combat et il constitue une avancée majeure en faveur du droit des femmes à disposer de leur corps et à maîtriser leur fécondité. Ces trente dernières années, plus de 60 pays ont assoupli leurs lois sur l’avortement, ce qui fait qu’en 2023, 87 pays autorisent largement le recours à l’IVG. 661 millions de femmes, soit 35 % de celles en âge de concevoir, vivent dans un pays où l'IVG est totalement accessible sans aucune restriction.

Néanmoins tous les pays ne permettent pas un accès facile à l’avortement, et certains pays ont réculé sur le droit à l’IVG. Le droit à l’avortement est un droit fragile.

Certains pays sont très progressistes comme les Pays-Bas où il est possible d'avorter jusqu’à la 24ème semaine de grossesse, ce qui est un des délais les plus longs. En Italie, l’avortement est possible jusqu’à 12 semaines de grossesse mais un rapport publié en 2021 par le ministère de la Santé italien, montre que 67 % des gynécologues ont, en 2019, refusé de pratiquer l'IVG au nom de la clause de conscience.

Dans certains pays, le droit à l’IVG a reculé ces dernières années. Ce sont 642 millions de femmes qui vivent dans un pays où l'accès à l'avortement est restreint (il reste autorisé dans des conditions très strictes, comme en cas de malformation du foetus, ou de danger pour la santé de la mère).

Aux Etats-Unis, depuis la décision de la Cour suprême du 24 juin 2022, supprimant le droit à l’avortement dans le pays, quatorze Etats ont décidé d’interdire l'interruption volontaire de grossesse sur leur territoire. En Pologne, l’IVG est quasiment interdit depuis 2021, il n’est autorisé que si la mère est en danger ou si la grossesse est le résultat d'un viol ou d'un inceste. Pareil au Brésil. Au Maroc, une femme qui avorte sans raison médicale risque six mois à deux ans de prison. A Malte, l’avortement est interdit, il s'agit du seul pays de l'Union européenne où cela est le cas. En raison de ces politiques encore très restrvies en termes d’avortement dans le monde, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que 40 000 femmes meurent chaque année à cause d’avortements clandestins.

L’IVG est un droit révocable, dont on ne peut avoir la certitude qu’il sera toujours garanti aux femmes qui souhaitent y recourir. Le combat pour le droit à l’avortement appelle à la vigilance et doit se poursuivre, pour que les femmes puissent toujours disposer de leur corps.

En octobre 2023, Emmanuel Macron a annoncé le début du processus visant à inscrire l’IVG dans la Constitution. L’objectif est d’ajouter à l’article 34 de la Constitution: « la loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté de la femme, qui lui est garantie, d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse » et donc de faire de l’IVG une liberté “irréversible” dès 2024. La France serait le premier pays du monde à inclure le droit à l’avortement dans sa Constitution.

Amalthée
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